Carnet de route

BESSO

Sortie :  Sortie Alpinisme Besso du 08/09/2024

Le 08/09/2024 par Pascal R

07 et 08 septembre 2024 : «Ecoute la voix de ceux qui t’implorent dans la tempête»

Dernier weekend Alpi de la saison. Gaspard voulait nous emmener à Moiry, mais à Moiry c’est complet. Alors on ira juste à côté, au Mountet. A côté, mais beaucoup plus loin, au bout du monde, presque dans l’Himalaya. Flora, Kerstin, Maxime, Pascal, Perrine, Romuald et Vincent participent à l’aventure aux cotés de Gaspard et Marius.

Samedi 07,

« Les Sept Volontaires » et deux guides se présentent ce samedi matin à Saint Gervais. Il fait beau mais l’on sait que cela ne va pas durer. En arrivant à Zinal c’est la fête, c’est le jour du trail du Besso. Il faut faire le tour du village pour retrouver les parkings et s’équiper. Bonne nouvelle nous n’aurons besoin ni des piolets ni des crampons.

Montée paisible au refuge, agrémentée d’une longue pause déjeuner-sieste et des rencontres avec les coureurs qui redescendent de la cabane pour ensuite remonter vers une autre. Le premier qui passe porte le dossard numéro 2. On les encourage au passage. Cela nous fait passer le temps et le trajet parait plus court. Découverte de la cabane du (grand) Mountet, îlot douillet perdu au milieu des géants. A gauche le Zinalrothorn, immense voile gonflée aux vents d’ouest, dont la perspective est malheureusement écrasée. Au milieu l’Obergabelhorn avec sa face nord et son arête du Cœur, d’une élégance à couper le souffle. A droite la Dent Blanche, la Montagne des montagnes, croix parfaite alignée sur les quatre points cardinaux et sa muraille Nord-Est démesurée et vertigineuse. Encore un peu plus à droite le Grand Cornier qui manque les 4000 pour 39 misérables mètres. Il a neigé les jours précédents, les montagnes sont blanches. Le spectacle est grandiose. Les vents en altitude sont violents et erratiques.

Dimanche 08,

Aïe!,  Aïe!, Aïe! La nuit a été venteuse, le ciel est embrumé, les bulletins météo de le veille ne nous avaient pas annoncé cela. Très peu d’alpinistes au réveil, la plupart des clients sont des randonneurs.

A 5 heures on reprend le sentier de la veille dans l’autre sens pour rejoindre le signe "BESSO" peint sur un rocher. De là on zigzague entre les blocs en suivant une vague trace qui remonte vers les pierriers au bas de la face. De plus en plus raide les pierriers ! Le petit jour à arriver et les premiers signes de fatigue aussi. Les baudriers et les casques sortent des sacs au pied de la voie, quatre cordées d’organisent et c’est parti. Objectif rejoindre l’arête SW et décider si l’on poursuit par cette voie ou si l’on bascule dans la voie normale. Le temps se dégradant au fur et à mesure que l’on monte on comprend vite qu’il serait plus raisonnable de rejoindre la voie normale. Chemin qui navigue de vire en vire, un bord à gauche, un bord à droite, balayant toute la face, de l’arête SW à l’arête SE. Chemin à l’ancienne, chemin de marin, qui nous emmène au sommet à 9 heures vingt, dans les temps mais aussi sous la neige. Petite neige heureusement. Le sommet du Weisshorn se découvre un instant, seul géant à nous faire cette grâce aujourd’hui. Nous n’entendrons pas les voix de ceux qui implorent dans la tempête, et c’est mieux comme ça.

La descente, en partie sous la pluie, sera longue, très longue, aussi bien pour ceux ou celles qui auront été au sommet, que pour ceux ou celles qui auront dû faire demi-tour un peu avant. Au retour, sauf les chauffeurs qui lutteront au volant, tout le monde dormira dans les voitures. L’idée d’un arrêt rafraichissement sur la route, un moment envisagé, sera vite abandonné. Vers 18 heures la troupe s’éparpillera en direction des douches et des fauteuils, le corps raide et la tête pleine de souvenirs.

Merci à Gaspard et à Marius pour leur enthousiasme et leur professionnalisme. Bravo à toute l’équipe pour sa solidarité et pour avoir su, et pu, se dépasser quand il le fallait.